La Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ) dénonce que seulement 80 policiers au Québec soient formés pour la détection du cannabis au volant, soit moins de 1%. En comparaison, il y a au moins 10 fois plus de techniciens pour l’alcool au volant.
« Cette situation est préoccupante quand on sait que les accidents de la route après la consommation de cannabis ont augmenté de 40% au Colorado après la légalisation. Il faut rapidement former de nouveaux policiers et acquérir l’équipement nécessaire », explique Robin Côté, président de la FPMQ.
La FPMQ est reconnaissante de la démarche de consultation publique entreprise par le gouvernement du Québec visant l’encadrement du cannabis en vue de sa légalisation. Cependant, elle déplore que les enjeux de sécurité publique y prennent aussi peu de place. Pour la FPMQ, il est primordial que des investissements majeurs soient faits afin de former plus de policiers à titre d’agents évaluateurs.
« Pour bien faire notre travail et assurer la sécurité sur les routes, il faudrait minimalement qu’un agent par patrouille soit formé pour détecter la conduite avec facultés affaiblies par le cannabis et intervenir. On est très loin du compte », poursuit M. Côté.
Concernant l’achat d’équipement, la FPMQ constate que le gouvernement est également bien loin du compte. « Il doit y avoir des annonces rapidement pour des subventions pour l’acquisition d’équipement dans les corps de police municipaux. Autrement, c’est simple, nous ne serons pas prêts au 1er juillet 2018 », met en garde M. Côté.
Enfin, durant l’ensemble du processus de consultation, la FPMQ se chargera d’aviser les gouvernements à propos de certains défis très réels que cette législation entrainera pour les policiers et les policières de première ligne. En plus du manque de ressources et de formation, elle souhaite soulever la question de l’absence de norme relative aux facultés affaiblies et les enjeux que posent la consommation de produits comestibles, la culture de cannabis à domicile, la possession et la distribution.
Encadrement
La Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ) réclame des investissements majeurs afin de former plus de policiers à titre d’agents évaluateurs experts et expertes en reconnaissance de drogues et émet plusieurs préoccupations face la légalisation du cannabis.
Dans son mémoire présenté aujourd’hui devant la Consultation régionale sur l’encadrement du cannabis, la FPMQ souhaite également aviser les gouvernements à propos de certains défis très réels que cette législation entraînera pour les policiers et les policières de première ligne. En effet, s’il devait être adopté sous sa forme actuelle, le projet de loi C-45 du gouvernement fédéral poserait plusieurs difficultés d’application, notamment :
- Conduite avec les facultés affaiblies : Les tests disponibles sont rudimentaires et leur reconnaissance devant les tribunaux n’est pas assurée.
- Aucune norme relative aux facultés affaiblies : Il n’y a pas de niveau de THC maximal prévu, pour l’instant, lors de la conduite d’une voiture.
- Les produits comestibles et l’huile : La panoplie de produits comestibles rendra difficile pour les policiers d’évaluer si un produit contient ou non de la marijuana.
- Culture de marijuana à domicile : Il sera très difficile de s’assurer que le nombre de plants et leur grosseur maximale soient respectés.
- Possession et distribution : Il sera difficile de déterminer la légalité d’une possession de cannabis, considérant la quantité permise.
- Ressources : Moins de 1 % des policiers québécois sont formés à titre d’agents évaluateurs, ce qui est insuffisant pour être en mesure de bien appliquer la loi.
« Notre devoir est de faire respecter la loi. Cependant, le projet de loi du gouvernement fédéral comporte plusieurs zones grises et les balises ne sont pas assez claires pour guider notre action. C’est pour cette raison qu’il est important d’investir dans la formation », conclut M. Côté.